Sarah Stutzmann, après une hypokhâgne/khâgne au lycée Thiers, a étudié à l’École Normale Supérieure de Lyon.
Elle est actuellement doctorante en philosophie, en co-direction avec l’ENS de Lyon et l’Université de Tours. Sa thèse, intitulée : « Les métamorphoses du corps - la transformation de soi et son cheminement » est co-dirigée par Didier Ottaviani et Fosca Mariani-Zini.
Sa thèse s’inscrit dans la continuité d’une réflexion commencée dans ses travaux antérieurs. Le mémoire de master 1 portait sur l’évolution de l’individu à travers le langage chez Dante, s’intéressant déjà à la métamorphose de l’individu, du sensible au spirituel, sur son cheminement dans un mouvement ascensionnel, capable à la fois d’accepter sa condition mortelle et d’accéder à ce que Dante nomme, au Paradis, le trasumanar, et ce grâce à un travail opéré sur la langue même.
L’idée de mouvement lui tenant à cœur, ainsi que celle de libération et de transformation de soi, son mémoire de M2 s’attarde sur l’importance du corps humain et de la matérialité dans la Divine Comédie, la corporéité restant une composante fondamentale de l’identité de l’âme et de l’expérience de l’au-delà.
Elle fait actuellement partie des laboratoires de recherches de l’IHRIM et du CESR, ainsi que du laboratoire junior RAT (recherches animalières transdisciplinaires et transséculaires).
Chant XII. Purgatoire. Divine Comédie, illustrée par Gustave Doré.
Conférence sur le thème des rapports homme - animal dans la pensée dantesque
Lundi 6 décembre de 11h-12h. Salle de conférence. HK et KH AL.
La réflexion sur l’homme engagée dès l’Antiquité s’est articulée autour de la définition aristotélicienne d’ « animal rationnel », mais c’est surtout à partir de sa dimension intellectuelle spécifique que la tradition a cherché à l’appréhender.
Si les penseurs du moyen âge ont largement développé la question de l’intellect humain et de son fonctionnement, ils ont également été contraints de s’interroger sur la part d’animalité existant en l’homme.
Nous nous interrogerons ainsi sur la pensée des rapports existant entre l’homme et l’animal : réévaluer la place de l’animal en l’homme ouvre sur une nouvelle anthropologie.
Avec Dante, le corps de l’individu n’est pas mis en rapport avec le corps politique : on reste sur l’individualisation, qui se fait dans sa propre matérialité.
Cela revient à vivre sa spécificité (sa maladie, sa laideur ou sa beauté, sa folie), dessinant un parcours propre à chaque individu, dans la façon qu’il aura eu, tout au long de son cheminement, de vivre et d’être avec son corps.
Comment chaque corps, par sa spécificité, redoublé par un rapport particulier à ce corps, dessine un chemin unique ? Toute la problématique est de vivre dans son corps, dans son animalité, dans sa spécificité, non pas seulement de l’accepter ni de l’abstraire jusqu’à la spiritualisation.
Dessin de Fabiana Fiengo
Intervention sur le thème des rapports homme - femme dans la pensée dantesque
Lundi 6 décembre de 14h-16h. CDI. 1ère HLP / Tle 3 et 6 LV2 italien.
La femme est liée chez Dante à la philosophie de l’amour ; dans la lignée des troubadours, la Dame a toute son importance.
Elle est également reliée à la problématique du pouvoir : c’est elle qui transmet les pouvoirs à l’homme. De quoi s’agit-il ? Du monde infernal au Paradis, dans le mouvement de vie et de mort, elle est l’initiatrice de l’homme, du poète, de celui qui est en quête de sens. Elle l’ouvre à la réalité de la puissance de l’Amour créateur.
Comment Dante justifie-t-il un tel pouvoir que détiendraient les femmes, dans sa société patriarcale du XIVème siècle ? Cette femme n’est-elle que l’exceptionnelle Béatrice, ou Rencontre de Dante et de Béatrice
XIVème siècle ?
École vénitienne. Enluminure. Libreria Marciana, Venise.
Dante profite-t-il de l’invention d’un au-delà pour réhabiliter la place des femmes ?
Dans la Divine Comédie, la figure féminine n’est pas une simple femme, elle est « Dame » : puissante, femme de tête, qui marque les esprits ou qui fait figure d’autorité.
Que fait-elle de tous ses pouvoirs ? Dante n’est pas le seul à se perdre dans la forêt obscure.... de l’ombre à la lumière, nous verrons l’initiatrice qu’est la femme dantesque, celle qui est au commencement des mondes et qui confère à l’homme le pouvoir de se transformer.